Les Cassandre finiront par avoir raison

Lorsque l’on est entré dans une grande crise, la synthèse devient difficile, c’est en soi un signal de son importance. L’interrogation principale portait sur la durée de la pandémie, elle s’est élargie à la profondeur de la récession dans laquelle l’économie mondiale est entrée et à l’ensemble de ses conséquences. L’économie connait partout un brutal coup d’arrêt et les prévisions de chute du PIB deviennent abyssales, comme celles du chômage qui en découlent.

Tous les signaux sont au rouge dans le monde financier et les investisseurs sont en mode panique tandis que les banques centrales sont à fond de cale. Rien ne semble pouvoir arrêter la dynamique baissière qui s’est instaurée dans la finance aussi bien que dans l’économie. Les prophètes de mauvais augure sont dépassés par les événements, et ceux qui tentent encore de dénoncer le catastrophisme sont pris à contrepied.

Aux États-Unis, la Fed utilise tout son arsenal, elle achète tout sans restrictions – bons du trésor, obligations et papier commercial à court terme des entreprises, crédits immobilier hypothécaire, automobile, à la consommation et prêts étudiants – afin d’éviter l’envol des cours. Son soutien illimité reflète la panique sans la dissiper. Il y a de quoi s’affoler, comment va pouvoir être refinancée la masse des obligations d’entreprise qui vont arriver à maturité cette année ?

Alors que l’administration américaine fait spectaculairement décoller « l’helicopter money » en distribuant un chèque à chaque foyer américain (les illégaux qui contribuent à faire marcher l’économie exclus), les dirigeants européens en sont encore à discuter du sexe des anges, c’est à dire de l’émission d’obligations communes, qui pourraient d’ailleurs être monétisées par la BCE, à défaut qu’elle suive la trace de la Fed. Le retard à l’allumage est l’attitude la plus communément observée. Ils jouent à quitte ou double avec l’avenir de l’Europe, mais est-on à cela près désormais ?

Entre les banques centrales et les États, il se joue aussi un drôle de jeu. Car comment les banques centrales, une fois touché le fond de panier de leurs mesures « non conventionnelles », vont-elles pouvoir éviter une monétisation de plus grande ampleur encore ? Le sujet n’est plus académique, il a déjà été tranché par la Fed. Mais cela appellera plus tard leur renflouement par leurs actionnaires, les États en Europe, un cartel de grandes banques aux États-Unis. Un cercle vicieux de la plus belle espèce. Jamais l’expression « entrer dans des territoires inconnus » ne se sera aussi bien appliquée…

2 réponses sur “Les Cassandre finiront par avoir raison”

  1. Allez…. je ne résiste pas à ma découverte de  » alt 14  » …. (^!^) ….

    …………………….. ♫ ♫ ♫  » J u b i l é !  » ♫ ♫ ♫ ……………………….

  2. Bonsoir François,

    Je me cite (c’était à la suite de l’article « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ») :

    « Un « QE for the people » à la fin de l’épidémie, oseront-ils ? Cela pourrait relancer la machine et avaler les dettes si l’inflation fait son œuvre… »

    A force de vous lire, je commence moi aussi à devenir bon. Il a tout de même un peu d’avance sur ce que j’avais prévu, mais je suis tout de même content.

    De mon côté, rédaction d’un blog aussi. Analyse politique également, mais à tendance philosophique pour les prochains articles. En attendant, voici l’article du jour avec un titre très racoleur :

    https://renversements.fr/comment-eviter-un-remake-de-1929-trump-se-convertit-au-socialisme/

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